LE MILLÉSIME 1966 BORDEAUX À PLUS DE 50 ANS

Bordeaux a connu un temps plus chaud récemment. Cependant, il y a 50 ans, le millésime 1966 était plus typique de l’époque avec des conditions estivales plus fraîches et sèches.

Il y a eu les remarquables 1961 concentrés suivis d’excellents 1962 et 1964, mais des défaillances beaucoup plus fréquentes comme 1963, 1965, 1968 et 1969. C’est pourquoi 1966 Bordeaux a été accueilli avec enthousiasme, comme le rapporte Peter A. Sichel dans son précieux rapport annuel sur les millésimes, comme « un style de 1962, plus léger que 1964, mais plus équilibré, plus fin et encore plus qualitatif ». Michael Broadbent l’a qualifié d' »excellent millésime ». Elégant, élégant, bien équilibré. maigre au lieu d’être grassouillet, mais avec une bonne chair ferme… pourrait passer de 4 étoiles à 5 étoiles. » Tawfiq Khoury a organisé pour la collecte de fonds annuelle du KPBS à San Diego le 5 novembre 1986 une dégustation de 111 Classed Growth Bordeaux de 1966 en 19 vols commentée par un jury composé de Michael Broadbent, Bruno Borie et votre scribe. Michael les appelait « le style bordelais à son meilleur ». Il craignait que la maigreur ne l’emporte, mais il a été encouragé par la vigueur et la qualité à l’ancienne des fruits à 20 ans. Certains de ces vins de 1966 avaient assez de fruit pour égaler leur acidité, et montraient les nerfs du millésime pour la longue distance.

Les régions de Saint-Julien et de Pauillac ont connu une performance soutenue. Parmi les nombreuses propriétés qui se sont très bien montrées à 20 ans, on retrouve Latour, Palmer, La Mission Haut-Brion, Haut-Brion, Leoville-Las-Cases, Grand Puy-Lacoste, Gruaud-Larose, Trotanoy, Petrus, Pichon-Lalande, Lafleur, Cheval Blanc, Figeac, Domaine de Chevalier, Beychevelle, Branaire-Ducru et l’Angelus.

Le 5 juin 2018, lors d’un dîner-dégustation à Vancouver, à Blue Water, huit des meilleures propriétés de 1966 (plus un vin mystère) ont été évaluées à plus de 50 ans dans trois vols de 3 vins chacun :

1. 1966 Château L’Arrosee St. Emilion

Robe rouge très foncé encore jeune. Excellent travail au fil des ans par la famille Rodhain avec cette belle propriété (avec un brillant 1961) vendue en 2013 au Domaine Clarence Dillon. Vigueur fraîche avec beaucoup de corps pour gérer l’acidité. Du vin classe.

2. 1966 Chateau La Gaffeliere St. Emilion

Un look et un nez un peu moins propres avec une touche de TCA et de VA (souvent un problème avec leur 1970). Bouteille décevante.

3. 1966 Chateau Figeac St. Emilion

De bonnes tonalités profondes avec le meilleur nez mûr du premier vol alliant la buvabilité à une belle finesse et complexité.

4. 1966 Chateau Talbot St. Julien

La tarte aux champignons se marie mieux avec un look plus léger et une acidité marquée. La grande sœur Gruaud Larose fait preuve d’un bien meilleur équilibre et d’une bien meilleure profondeur en 1966. Les deux propriétés ont fait des 1982s exceptionnels.

5. 1966 Château Grand Puy Lacoste Pauillac

Couleur moyennement foncée avec un caractère riche et plein de cèdre qui tient bien et s’améliore même dans le verre. Si élégant. Une propriété sous-estimée, même à ce moment-là. 1970 aussi délicieux.

6. 1964 Château Ausone St. Emilion

Vin mystère à la robe très foncée. Le bouquet le plus complexe du deuxième vol. Plus de Merlot/CF que l’assemblage GPL de Cab Sauv. Une merveilleuse douceur ici et une étonnante surprise pour cette propriété dans les années 60.

7. 1966 Château Gruaud Larose Larose St. Julien

Ancien favori pour faire de superbes vins au début des années 60. Couleur très foncée et profonde. Grand vin ouvert, excellent et intense. Présente le terroir exceptionnel de Saint-Julien. Impressionnant à plus de 50 ans. Acheter aux enchères.

8. 1966 Chateau Beychevelle St. Julien

Beaucoup plus léger et bord très mature. Il boit bien depuis des décennies et tient le coup, mais il a besoin de boire maintenant, car il perd ses fruits. Plus simple mais rehaussé par le plat de boeuf.

9. 1966 Château Ducru Beaucaillou St. Julien

Un régal d’avoir 3 St. Juliens dans ce dernier vol. Couleur encore sombre, profonde et jeune aidée par l’acidité. Bouche vive du millésime et sol graveleux. Elégance classique sur un plateau continu.

Du vieux Bordeaux mûr à l’ancienne, c’est sûr. Plus sec avec plus d’acidité que les produits actuels. Tous les vins ont besoin d’être consommés dès maintenant, mais les déguster vous donne un frisson particulier et vous donne une meilleure idée de la merveilleuse capacité d’équilibre de Bordeaux à surprendre par son aptitude au vieillissement. Vous avez goûté un Bordeaux rouge de plus de 50 ans ?

 

Auteur de l’article : Roland